Jeudi soir, plusieurs Sénégalais rapatriés de Libye ont pris la parole pour partager leurs expériences douloureuses dans ce pays dévasté par la guerre depuis 2011. Ces témoignages mettent en lumière les souffrances des migrants en quête d’une vie meilleure en Europe et révèlent la précarité de leur situation en Libye. Yoro Baldé et Mor Talla Sarr, deux des rapatriés, ont raconté leurs épreuves dans des prisons libyennes et lancé un appel aux autorités sénégalaises pour renforcer les actions en faveur de ceux qui sont encore bloqués.
Témoignages poignants des rapatriés de Libye
Yoro Baldé, un parcours traumatisant
Originaire de Kolda, Yoro Baldé, dans la trentaine, a détaillé son périple éprouvant en Libye. « Je ne peux pas décrire à quel point l’expérience a été difficile, » a-t-il déclaré, soulignant les conditions extrêmes de sa détention. « J’ai quitté la prison à minuit, encore vêtu de mon uniforme de détenu, pour rencontrer le Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur en visite », a-t-il ajouté, reconnaissant l’aide des autorités et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour son rapatriement.
Baldé a également décrit la violence qu’il a observée en Libye, évoquant des personnes attachées avec des fils de fer pendant la nuit. « Je me suis échappé, mais j’ai encore les marques de cette période sur mes poignets », a-t-il confié. Après plusieurs arrestations et des années de souffrances, Yoro Baldé a pris la décision de rentrer au Sénégal, malgré l’absence de moyens financiers, surtout après la mort de son père.
Mor Talla Sarr, la réalité des prisons libyennes
Mor Talla Sarr, originaire de Touba, a raconté des scènes tout aussi horrifiantes de son temps en détention. « En Libye, seules la mort ou une rançon peuvent te libérer, » a-t-il expliqué, révélant qu’il a dû payer 500 000 francs CFA pour regagner sa liberté. Depuis son retour au Sénégal, il s’engage à aider d’autres compatriotes à rentrer malgré les difficultés administratives.
Appel à l’action : Que doit faire l’État sénégalais ?
Mor Talla Sarr a également appelé les autorités sénégalaises à intensifier leurs efforts pour venir en aide aux Sénégalais encore bloqués en Libye. Il a exhorté le président Bassirou Diomaye Faye à offrir des opportunités d’emploi aux jeunes du pays afin de réduire les risques de migrations dangereuses. « La paix que nous avons au Sénégal, on ne la trouve nulle part ailleurs », a-t-il rappelé, en insistant sur l’importance d’une jeunesse impliquée dans le développement du pays.
L’impact du rapatriement et les initiatives de réintégration
Grâce aux efforts conjoints de l’État sénégalais et de l’OIM, ces rapatriements permettent à de nombreux Sénégalais de retrouver leur terre natale et de tourner la page sur des années d’incertitude. Toutefois, des initiatives supplémentaires sont nécessaires pour garantir une réintégration réussie de ces migrants dans la société sénégalaise, notamment à travers des programmes de formation professionnelle et des opportunités d’emploi.
Le rapatriement de Sénégalais de Libye met en lumière les horreurs auxquelles sont confrontés les migrants dans leur quête d’une vie meilleure. Les témoignages poignants de Yoro Baldé et de Mor Talla Sarr illustrent la nécessité pour le gouvernement de renforcer les actions en faveur des rapatriés et de créer des conditions favorables pour retenir les jeunes au Sénégal, et ainsi freiner l’exode migratoire.
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